Une bonne journee (ou comment tout s’est fini dans la boue…)

Après notre petit épisode mystico-matudinal, notre chauffeur de tuk-tuk, un gros bonhomme rigolard, nous a emmené jusqu’à un des villages karen des environs de Mae Hong Son. Si la route pour y accéder est magnifique, le village en question m’a laissé une impression très mitigée. Je savais parfaitement que ces villages de réfugiés ne sont guère que des petits parcs d’attraction, un moyen pour les Karen de profiter de la manne touristique et de vivre dans des conditions un peu correctes. Je savais aussi que les anneaux de cuivre qui enserrent le cou des femmes sont amovibles et que nombre de Karen ne les porte que le jour. Tenue de travail ou de scène, c’est comme on veut.
Mais quand même, c’est un peu perturbant, cette allée d’échoppes dont la plupart – il était encore très tôt – était encore fermée. Dès la première long-neck, on a comme un sentiment de voyeurisme. Mais comme Jean-Pierre et moi ne pouvons nous contenter de la surface des choses, nous sommes passés derrière le décor. Le village – le vrai village – s’éveillait. Par certains côtés, cela ressemble beaucoup à Ban Phathao. Les mêmes regards mi-amusés mi-intrigués, les enfants qui se poursuivent. Et pas une seule long-neck !
En revenant vers le petit marché, Jean-Pierre a aperçu, par delà les cases, de drôles de poteaux érigés au milieu des bambous. Intrigués, nous demandons à une jeune femme de quoi il retourne. Dans un anglais parfait, elle nous explique qu’il s’agit d’un genre de totems dressés pour le nouvel an et que l’on renouvelle chaque année. Puis nous commençons à parler de la condition, si l’on peut dire, de commerçante. Et qui a, forcément, des problèmes de commerçante. Des problèmes avec les touristes thaï qui s’arrêtent au premier stand… Avec certains farangs qui ne vont pas plus loin que l’apparence. Bref, des tracas bien de nos jours. Bizarrement, cela m’a un peu rassuré et j’ai fini par me dire qu’une nana fringuée en Provençale sur un marché arlésien, ce n’est guère différent. Sauf quand même que c’est plus facile de vivre en Arles qu’au fond des montagnes de Thaïlande…
Mais cette journée si bien commencée n’a pas été ternie par cette visite néanmoins fort intéressante.
Avec notre vaillant petit tuk-tuk, nous avons fait un grand tour dans la campagne. Et décidément, cela ressemble tellement au Laos que j’en perd mon thaï et que je réponds presque systématiquement en lao… Mais alors qu’est-ce c’est beau ! Cinquante nuances de vert ! Le vert sombre des teck, celui à la fois tendre et cru du riz qui pousse, vert glauque de l’eau des mares…
Et un peu de gris aussi. Nuages. Troncs des arbres. Boue dont nous avons été recouverts à la fin de la matinée…
Oui oui, Suzy, couverts d’une belle boue grise et gluante. Mais passée au pinceau.
Bon, j’avoue : ce n’était pas un accident, nous n’avons pas glissé dans un marigot putride. Nous sommes allés dans un super spa, un des trois au monde où la boue que l’on vous passe sur le corps est naturelle, puisée dans une source chaude voisine. Et c’est super agréable de se faire papouiller comme ça, d’être massé avec de la pâte de tamarin, de finir dans la piscine chaude alors que la pluie se met à tomber…
Alors voilà, de grottes en cascades, de villages en rizières, nous avons passé une des plus belles journées de notre séjour en compagnie de notre extraordinaire chauffeur de choc, aussi émerveillé que nous par les paysages traversés.
Et rien que ça, ça fait un bien fou !

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5 réflexions sur “Une bonne journee (ou comment tout s’est fini dans la boue…)

  1. Iza&Phil

    Mais Niko, fallait le dire qu’être recouvert de boue est un vrai plaisir…ça peut s’arranger sur le prochain chantier 😉

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    • Iza, Iza, Iza – car ce ne peut être que toi… – je ne me fais pas enduire de boue par n’importe qui… Et pas avec n’importe quelle boue. Il me faut de la boue de Thaïlande et qu’il y ait un massage à la clef… Bon, évidemment, si Phil se sent…
      Au fait, depuis que tu as parlé de Poulpi, ses cousins ont disparu des marchés. Mais tu ne paie rien pour attendre…

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    • Jean-Pierre

      Moi aussi je peux jouer, dis, moi aussi ?
      Je ferai une visite sur le chantier un jour de pluie et je sauterai à pieds joints dans toutes les flaques biueuses quand les gens y passeront à côté. Ça sera drôle, non ? Je pourrai même prendre une pelle en plasrique pour mieux asperger ce sera encore plus rigolo. J’aime bien jouer dans la gadoue et même qu’on jouera avec Poulpi.. Et pi après on mangera des. gaufres, même.

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  2. Iza&Phil

    Niko! T’as encore fait fumer Jean-Pierre… ??? 😉

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    • Non… Je crois que c’est le thé qu’on a acheté du côté de la frontière birmane. Il me paraissait bizarre pour du thé au jasmin…

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